Travailler à domicile est tendance. Plus d’un quart de la population suisse (28%) pratique régulièrement cette forme de travail, selon une étude publiée récemment par le cabinet Deloitte. Ce phénomène a des avantages. Il permet notamment de réduire le nombre de trajets des pendulaires, en augmentation constante ces dernières années, et de soulager les routes et l’infrastructure ferroviaire, de plus en plus encombrées aux heures de pointe.
Cette philosophie, économiser le temps et les frais liés aux déplacements, s’applique-t-elle à d’autres activités? En matière d’achats cela ne semble pas être le cas. La distance moyenne parcourue en voiture par les consommateurs suisses pour effectuer des courses à l’étranger est en augmentation : on est passé de 67 kilomètres en 2012 à 76 kilomètres en 2015 pour un trajet aller-retour.
Les adeptes de cette pratique en tirent certainement un avantage économique, en profitant du franc fort. Pour le reste, c’est plus compliqué. La Communauté d’intérêt du commerce de détail suisse (CICDS) estime qu’actuellement 10% du commerce de détail est effectué à l’étranger, ce qui représente une perte de chiffre d’affaire de 2 milliards de francs par an. Or, 1 milliard de chiffre d’affaires représente environ 3000 emplois. On imagine mal les personnes effectuant des achats de manière régulière à l’étranger chercher à s’en prendre de manière consciente à l’emploi dans notre pays. Pour la plupart, il s’agit de gens qui travaillent dur et qui veulent simplement améliorer leur pouvoir d’achat pour faire face à des coûts très élevés (assurance maladie, logement, transports, etc.).
Ramener de la cohérence dans notre rapport à la mobilité sera difficile, mais demande d’agir notamment sur les axes suivants :
1) Développer des logements à proximité des pôles de développement, créateurs d’emplois, pour limiter le trafic pendulaire, tout en améliorant les réseaux de transports. Des décisions sont certes prises dans ce sens, mais elles sont manifestement trop lentes pour rattraper le retard accumulé pendant des années d’inaction. Pour celles et ceux qui n’ont pas la possibilité d’habiter à proximité de leur lieu de travail, il faut continuer à promouvoir et à favoriser le télétravail.
2) Maintenir un pouvoir d’achat élevé pour les citoyens, leur permettant d’effectuer leurs dépenses courantes en Suisse. La lutte pour la compétitivité de l’économie suisse est le défi principal pour y parvenir. Une économie innovante et compétitive est seule capable d’offrir des emplois suffisamment rémunérés pour faire face au coût de la vie dans notre pays. Eviter d’ajouter de nouvelles taxes en tout genre ou d’augmenter les impôts des particuliers, dans un canton où ils sont déjà parmi les plus élevés de Suisse, demeure essentiel.
Agir sur ces dimensions est possible par des actions très concrètes. Voter oui à la réforme de la fiscalité des entreprises dans le canton de Vaud le 20 mars prochain en est un exemple. J’y reviendrai dans mon prochain blog.
Fabrice Dunand