Small is Beautiful
La Suisse est championne du monde de l’innovation. C’est un rapport présenté hier par l’Insead qui le dit. Mais où sont les grandes nations dans ce classement? La première, les Etats-Unis, est en 7e position, et le premier grand pays européen, le Royaume-Uni, est 10e. Les six premières places sont détenues par des pays de petite taille, dans l’ordre suivant: Suisse, Suède, Singapour, Hongkong, Finlande, Danemark. Small est bien synonyme de Beautiful.
Mais quand on parle d’innovation, on oublie souvent qu’elle est le plus souvent protégée par un brevet. Pensez à Nespresso, pour prendre un exemple que tout le monde connaît. Ce qui donne à l’entreprise innovante la possibilité de profiter, pendant un certain temps, d’une situation de monopole et d’obtenir un retour sur investissement. La plus value qui en résulte permet généralement de créer des emplois correctement rémunérés.
Être champion de l’innovation, c’est positif et bien accepté: ça crée de la valeur, même si c’est lié à une forme de protection. Dans d’autres domaines, la protection est plutôt rejetée: c’est le libre-échange qui prime, l’ouverture aux marchés, même si elle a un impact négatif sur les salaires et la qualité de vie. Le libre-échange a sans conteste ses avantages entre partenaires égaux ou pour le partenaire le plus compétitif. Dans le cas contraire, il est synonyme de pression sur les prix et de disparition à terme de compétences existantes ou naissantes.
Le Conseil national a accepté en juin dernier trois motions demandant d’interrompre les négociations sur un accord de libre-échange agricole avec l’Union Européenne. Une décision intelligente. L’agriculture suisse, forcément plus chère à cause des conditions de production, n’aurait pas pu être compétitive. Elle aurait dû subir une nouvelle pression sur les revenus.
Un début de vision? Un parlement et un gouvernement qui mise sur une mixité entre libre-échange et protection selon les domaines, avec comme finalité le meilleur pour la Suisse et ses citoyens. A confirmer après les élections fédérales.
Fabrice Dunand