La Poste n’est plus au service du public
« Les clients galèrent face aux colis perdus ou volés » (24 heures du 9 janvier 2017). « La Poste ne livrera plus les rentes AVS en liquide » (24 heures du 24 décembre 2016). « Ollon remporte « une bataille » pour garder son bureau de poste » (24 heures du 22 décembre 2016).
Ces quelques exemples le prouvent. La Poste n’est plus au service du public. C’est bien encore un « service public », autrement dit une entreprise propriété à 100% de la Confédération, c’est-à-dire de chacune et de chacun d’entre nous. Mais sa mission n’est plus de servir la population dans son ensemble. Elle ne veut plus faire que ce qui lui rapporte, et en plus elle le fait mal.
Bien sûr, le monde change et il est normal que toute entreprise, même du « service public », doive adapter ses prestations à l’évolution de la société, au comportement et aux besoins de ses clients. Mais en voulant accompagner cette évolution à son profit, La Poste doit tenir compte des réalités.
La numérisation de la société est évidente. Paiements électroniques, téléphones portables, courriels, sms, réseaux sociaux ont notamment réduit la masse du courrier postal et le recours à certains guichets. Mais toutes les générations ne maîtrisent pas de la même manière les nouveaux outils de la société numérique. Nous vivons une période de transition dans ce domaine et La Poste doit se comporter en conséquence. Elle doit évoluer progressivement et non à coups de mesures brutales.
Cette exigence est d’autant plus justifiée que l’évolution qui lui est défavorable sur le plan du courrier lui permet d’engranger des bénéfices plus importants dans le domaine des colis, grâce au boom du commerce par internet. Aujourd’hui La Poste ne perd pas sur tous les tableaux, il s’en faut de beaucoup.
La preuve ? Malgré un déficit de 110 millions des bureaux postaux, La Poste a malgré tout fait 650 millions de bénéfice en 2015. Et l’entreprise serait beaucoup plus crédible dans sa volonté d’économies si sa direction ne s’octroyait pas des salaires de ministres, que dis-je, des salaires bien supérieurs à ceux des conseillers fédéraux. Un début de réforme est d’ailleurs en cours sur ce point : « CFF, La Poste et RUAG doivent corriger les revenus de leur boss » (24 heures du 9 janvier 2017). Enfin!
Fabrice Dunand