N’étouffons pas la classe moyenne!
Se faire plumer, c’est un peu le sentiment de la classe moyenne, en particulier dans le canton de Vaud. Seuls deux cantons en Suisse, le Jura et Neuchâtel, ont une fiscalité pour les familles de la classe moyenne plus élevée que dans le canton de Vaud. En ajoutant l’inflation des taxes et des prélèvements obligatoires (comme l’assurance maladie) comme des biens et des services courants (alimentation, logement, énergie, transports), les rangs de la classe moyenne s’érodent sérieusement.
Pour stopper l’hémorragie, une feuille de route en trois étapes est nécessaire. Il faut commencer par combattre l’augmentation de la pression fiscale, l’introduction de nouvelles taxes ou la hausse de celles qui existent déjà. La taxe est malheureusement devenue le meilleur ami du politique. Les exemples ne manquent pas. La taxe au sac ou au poids, introduite pour financer le traitement des ordures ménagères et satisfaire au principe du «pollueur-payeur», n’a pas été compensée dans la majorité des communes vaudoises par une baisse des impôts communaux. Une charge initialement financée par l’impôt communal s’est transformée en coût additionnel pour la majorité des contribuables. Et la hausse de la TVA est mise à toutes les sauces, pour financer l’assurance-invalidité et payer l’infrastructure ferroviaire. L’augmentation prévue de la taxe sur l’essence pour alimenter le fonds routier doit aussi être mentionnée. Sans oublier la hausse initialement voulue de la vignette autoroutière, mais judicieusement refusée en votation populaire en 2013.
L’étape suivante est de redéfinir les priorités dans l’utilisation du produit de l’impôt par l’Etat. L’augmentation constante des charges courantes de l’Etat doit être bannie. Ces dernières années, la classe moyenne a fortement contribué à l’amélioration du filet social vaudois: un demi-milliard en dix ans. Place maintenant aux initiatives garantissant une économie compétitive pour préserver l’emploi, source du pouvoir d’achat de toute la population.
En dernier ressort, une diminution des impôts des personnes physiques peut être envisagée, à condition de laisser à l’Etat suffisamment de marges de manœuvre pour préparer l’avenir. Combattre l’ajout de prélèvements additionnels, avant de proposer la diminution des ponctions existantes, permettra d’alléger les charges des citoyens dans la durée.
Un peu de cohérence politique ne ferait de mal à personne. Un exemple? Ce n’est pas en proposant une défiscalisation des allocations familiales tout en comptant dans ses rangs Doris Leuthard, «ministre des surtaxes», qu’un parti va améliorer le quotidien des familles. En donnant d’une main pour reprendre davantage de l’autre, on ne fait qu’alourdir les charges des contribuables. Et ça doit cesser! A moins de vouloir étouffer définitivement la classe moyenne.
Fabrice Dunand