Salaire minimum = réflexion minimum
Un salaire minimum de 4000 francs par mois est-il la garantie d’un avenir meilleur? On pourrait le croire en écoutant les partisans de cette initiative, soumise en votation populaire le 18 mai prochain.
Mais à ce jour, il n’existe pas d’économie prospère, pratiquant un salaire minimum de cette ampleur. Des salaires minimums moins élevés existent certes dans de nombreux pays, mais avec des succès plus que mitigés. La France, avec son économie atone et ses millions de chômeurs, en est l’exemple le plus frappant. Voulons-nous vraiment passer d’une économie qui fonctionne à un système aux résultats aléatoires?
Un idée, aussi ambitieuse soit-elle, doit d’abord être testée avant d’être implémentée à grande échelle. Le système actuel assure une certaine flexibilité dans la fixation des salaires. Il offre la possibilité de faire des ajustements en fonction du résultat. Certaines grosses entreprises, comme Aldi, Lidl ou H&M, ont fait le pas dernièrement en proposant un salaire minimum de 4000 francs par mois ou plus à leurs salariés. Coop annonce vouloir s’adapter prochainement. Bonnes nouvelles. Mais qu’en est-il des petites et moyennes entreprises, source de beaucoup d’emplois dans notre pays? Le garagiste, le coiffeur, l’entreprise de décolletage, l’hôtelier, le restaurateur, etc., peuvent-ils survire à un salaire minimum imposé? Rien ne le garantit.
Laissons à ces entrepreneurs le choix et le soin de tester le salaire minimum à 4000 francs par mois. Certains pourront peut-être l’introduire et s’y tenir. D’autres pourront revenir en arrière si un tel montant met en péril le fonctionnement de l’entreprise. Le système actuel permet ce genre d’ajustement et cette flexibilité, essentiels dans un monde complexe et incertain.
Ne cherchons pas l’aventure. Dans l’histoire, la théorie du «big bang» n’a fonctionné qu’une fois. Pour le reste, le progrès et les plus grandes innovations ont été le fruit d’expérimentations, d’apprentissages, pas après pas. L’homme n’apprend pas à voler en se jetant d’une falaise. Pour continuer à progresser, il faudra commencer par voter non au salaire minimum le 18 mai 2014.
Fabrice Dunand