Pour une formation débouchant sur un emploi
Jeune, bien formé, endetté et sans emploi. C’est l’avenir que propose de plus en plus de pays industrialisés à leur jeunesse, notamment aux Etats-Unis, en Espagne ou en Grèce. Voulons-nous proposer les mêmes perspectives en Suisse? La réponse est non.
Mauro Dell’Ambrogio, le nouveau secrétaire d’Etat à la formation et à la recherche, maintient, dans sa première interview accordée au Matin Dimanche, sa proposition d’augmenter de manière drastique la finance d’inscription annuelle dans les universités. Il considère qu’une finance d’inscription de 8000 francs par an, montant quatre fois supérieur à la finance actuelle, est justifiée et supportable pour les étudiants. Une erreur.
La formation doit continuer à jouer son rôle d’ascenseur social et donner la possibilité à chacun de choisir la voie des études universitaires. Sélectionner les étudiants en fonction de leurs ressources financières et pousser les plus démunis, souhaitant faire des études supérieures, à s’endetter, c’est imposer un mauvais départ dans la vie à un certain nombre d’entre eux. Si sélection il doit y avoir, elle doit se baser sur les capacités, et non pas sur la fortune.
Arrêtons de considérer la formation uniquement sous l’angle de la dépense, c’est aussi un investissement: un investissement qui n’a de la valeur que si l’étudiant trouve un emploi à la fin de ses études. Ce qui n’est malheureusement plus une garantie aujourd’hui. Pour ne prendre qu’un exemple, 68% des jeunes universitaires espagnols sont prêts à quitter leur pays par manque de perspectives. Du pur gâchis.
Pour ne pas avoir à subir le même fiasco, la Suisse doit mettre en œuvre les axes suivants:
– Proposer une formation en lien avec les besoins du pays et de l’économie. Sachant que les métiers de demain sont pour beaucoup encore inconnus aujourd’hui, il faut arrêter d’allonger le temps d’études, favoriser les formations complémentaires en emploi et réduire au minimum les investissements dans les formations pléthoriques.
– Maintenir une économie diversifiée. La mise en place d’une politique industrielle permettant l’éclosion des secteurs d’avenir, en remplacement des secteurs qui dépérissent, est nécessaire.
– Favoriser les entreprises responsables. Les entreprises qui assument leur part d’investissement, en formant l’employé local au poste de travail proposé, plutôt que de rechercher la perle rare sur le marché international, doivent être soutenues.
Fabrice Dunand