«Une start-up de l’EPFL décroche des fonds à hauteur de 75 millions». L’annonce, publiée dans le journal 24 heures du 25 novembre, est à première vue réjouissante. La jeune société en question, Mitokyne a été fondée par un professeur de l’EPFL et trois professeurs d’instituts américains (MIT, Berkeley, Salk Institute). Ses laboratoires seront basés à Boston et la société a conclu un accord de recherche exclusif avec l’entreprise Astellas, basée au Japon. Dans ces conditions, avons-nous vraiment affaire à un succès de l’EPFL et de sa région?
Un exemple zurichois nous indique à quoi devrait ressembler le transfert de connaissances d’un institut suisse de recherche vers notre économie. En 2000, une jeune spin-off de l’EPFZ, nommée Glycart, est créée. Elle s’installe à Schlieren, dans la région zurichoise. En 2005, elle est rachetée par l’entreprise pharmaceutique suisse Roche. Glycart a reçu en novembre de cette année l’homologation aux Etats-Unis pour son produit phare permettant de traiter les personnes atteintes de leucémie lymphoïde chronique, l’une des formes les plus fréquentes de cancer du sang.
Seule une idée développée et produite localement contribue à la création de richesse d’une région et à la compétitivité de ses entreprises. Même si ce modèle n’est pas réalisable dans tous les domaines – une région ne peut pas regrouper toutes les compétences – il devrait rester le modèle privilégié par tous les acteurs locaux.
Le secteur des sciences de la vie reste un domaine fragile sur l’arc lémanique. Le départ récent de Merck-Serono et de Shire, et la difficulté de nouveaux projets à s’ancrer localement, sont là pour nous le rappeler. Pour installer ce secteur de manière durable dans la région, l’intensification de la promotion économique, l’amélioration des conditions-cadre et le développement des infrastructures sont nécessaires. Et dans le domaine du transfert des connaissances, les start-up et autres spin-off doivent être enracinées dans notre région pour être vraiment utiles à notre économie et à la création d’emplois à haute valeur ajoutée. Comme entre Zurich et Bâle!
Fabrice Dunand